Dirty, dirty, dirty

En ces temps où je ne sais pas trop ce que je fous, où je ne sais pas trop où je vais et où chaque nouveau jour est un véritable calvaire, un petit concert organisé par Alan McGee ne fait pas de mal. Partie du bureau le coeur prêt à imploser parce que toujours pas de nouvelle de mon Pénible (d'ailleurs, dois-je dire "mon"), je prends le métro direction porte de Pantin, Ipod dans les oreilles. Le pire arrive lors du changement. The Masterplan débarque sans prévenir tandis que je m'assieds pile devant une affiche géante "Aimer la Bretagne, c'est aimer". Une envie pressante de tagger l'affiche me prend quand, heureusement, le métro arrive et m'emmène droit au Trabendo où je n'entendrai ni Oasis et où je ne verrai pas d'images de la Bretagne avec un slogan à la con.
Anne-So est déjà là avec une copine. Elle me raconte que Carl Barat est passé juste à côté d'elle alors qu'elle bouffait (oui c'est le mot) son sandwich tout en demandant si elle n'avait pas de ketchup sur la joue. C'est toujours comme ça en même temps. C'est lorsqu'on se retrouve dans des situations peu glorieuses que The One passe. Ca me rappelle ma sortie des toilettes publiques à côté du Zénith lorsque le tour bus d'Oasis est arrivé et moi, courant le pantalon toujours ouvert, pour me retrouver pile devant le car. La classe quoi.
J'enjambe la barrière pour être à côté d'elles, m'excusant auprès des gens de leur passer devant. A priori, ça ne les dérange pas. C'est cool. Puis les portes s'ouvrent. Première chose à faire: laisser les affaires au vestiaire. Deuxième chose à faire: prendre une bière. Le temps d'aller acheter des badges pour Anne-So et sa copine et la première partie arrive. Il s'agit des Rodeo Massacre. La chanteuse tente de chanter comme Patti Smith. Comme on dit, c'est bien mais pas top hein. En fait, c'est pile à ce moment-là que je me dis que, finalement, moi aussi je peux chanter dans un groupe. C'est pas compliqué. Faire "RRRRRRRAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh" dans le micro en arborant une frange sixties et hop, l'affaire est dans le sac. En fait le plus compliqué serait d'avoir la frange sixties, puisque j'ai les cheveux bouclés, mais bon, c'est comme tout, ça peut s'arranger.
Une deuxième bière. McGee est dans le coin. Toujours pareil, une main sur le menton, ça dodeline un peu de la tête en regardant la scène. Un type dans la fosse gueule "A poil" à la chanteuse. Pas de bol pour lui, elle comprend bien le français et a un peu de couilles (ce qui est loin d'être l'apanage de tous les mecs soit dit en passant comme ça). "Toi là! Viens sur scène te foutre à poil!" Le type se tait. Enfin, leur gig se termine et elle reprend "En attendant, il est toujours pas venu se foutre à poil sur la scène hein".
L'attente pour les Dirty Pretty Things est longue. Le petit blond coupe Playmobil qui accorde le matos prend vraiment son temps. En même temps, il a une coupe de jouet, il est blond et a une tête de jouet. On statue et, oui, il est parfait pour être Jouet. Les gens commencent à s'impatienter, rien n'y fait. McGee fait des aller-retours entre les backstage et la salle. Enfin, les lumières s'éteignent et le groupe fait son entrée. Bon, ayant une culture DirtyPrettyThings-iesque très limitée, je ne vais pas raconter la setlist en détail. En même temps, je ne connais pas les titres. Bref, je suis vraiment venue en dilettante les mains dans les poches. Tout ce que je sais, c'est ce que j'ai entendu et vu. Côté oreilles, j'ai trouvé agréable. Bien plus agréable qu'au Triptyque. Déjà, le son est meilleur, puis les titres tiennent plus la route, ça donne un côté plus fini en fait. Inutile de préciser que les quatre cocos sur la scène sont en plein trip. D'ailleurs, je me suis demandée ce que Barat avait pris cette fois, car, là, il cligne des yeux, ce qui n'était pas le cas lors de son précédent passage. (Ben oui, on dirait pas comme ça, mais quand tu parles à quelqu'un qui ne cligne pas des yeux, ça se voit et c'est intriguant, surtout que, du coup, moi, je me mets à cligner des yeux. esprit de contradiction quoi) Sur scène, donc, ça dégage bien. Les titres que j'aime bien sont même plus nombreux que ceux qui me font chier. Donc, au risque de choquer certaines âmes bien pensantes croyant avoir le monopole du bon goût musical, c'est bien foutu, ça tient la route, en clair, c'est pas mauvais du tout.
Et puis y'a ce Carl. Ce garçon donne envie de faire l'amour là tout de suite maintenant. Pas baiser hein, faire l'amour (pour ceux qui savent pas, y'a une nuance) Oui, ça, c'est ma révélation du soir. Carl est sexuellement sexuel. Il est passé, dans mon esprit, de vaguement choupi à sexuellement sexuel, genre yummiam, puis groaaaaaaaaaaaaaar, rhaaaaaaaaaaa, et toutes autres onomatopées à consonnance sexuelle. Puis il a chaud quand il se déchaine sur scène, alors, il enlève la veste, puis il enlève le t-shirt. C'est une bonne idée. T'as chaud, fous toi à poil. Aussi simple. Moi, ça me dérange pas. Bon, l'a pas enlevé le pantalon, on n'est pas chez les Chippendales non plus. Mais franchement sexuellement sexuel. Il donne envie de faire des trucs. Ouais... Des trucs quoi.
La seule chose que je veux pas trop me dire sur le (bon?) coup, c'est que je pense à quelqu'un d'autre par moments. Seul problème, en rentrant chez moi, ben je le sais à qui je pense. Et donc voilà, j'ai pleuré comme une merde, la tête à moitié entre l'oreiller et le chat, qui est venu ronronner à côté de moi. Pourtant, ça aurait dû me changer les idées tout ça. Entre le sexuellement sexuel et le bonjour à McGee, j'aurais dû avoir le moral en hausse. Bah nan. Même pas. Enfin, sur le coup, oui, mais après non. Retour case départ donc. Chienne de vie, j'avais rien demandé moi. Sois tu donnes, soit tu donnes pas, mais tu donnes pas à moitié.